mercredi 14 janvier 2015

La foi ou la pensée...?

Abraham, dans une Bible pour enfants




CROIRE OU PENSER ?
SOCRATE OU ABRAHAM

Celui qui pense est toujours, aussi, quelqu’un qui doute.

Celui qui croit peut se passer de penser.

Le père fondateur de la pensée occidentale, Socrate, disait : Je sais que je ne sais rien.

Le patriarche fondateur des trois monothéismes, Abraham, se soumettait d’emblée à une voix de l’au-delà, sans aucune réflexion – étant prêt jusqu’à assassiner son propre fils par pure obéissance.

Penser, c’est examiner, mettre en doute, et arriver éventuellement à des certitudes par un laborieux travail sur nos incertitudes et nos ignorances.

Croire, c’est adhérer spontanément à des dogmes religieux, à des injonctions divines inscrites dans les soi-disant textes sacrés.

Les vérités humaines de la pensée sont relatives à notre horizon d’un possible savoir.

Les vérités divines de la religion sont absolues et au-delà de l’horizon de tout savoir.

Beaucoup de croyants, de nos jours, sont aussi des penseurs, ils connaissent des doutes et des incertitudes ; leur pratique de la religion est tout à fait compatible avec la tolérance ; ils admettent, par exemple, qu’on puisse ne pas être croyant.

Mais certains croyants ne sont que croyants, ils ne passent pas par la pensée, ils adhèrent aveuglément aux soi-disant textes sacrés.

Ces textes sacrés, inscrits dans Le Livre, sont parole de Dieu, et n’admettent aucun examen, aucune lecture critique, historisante, relativisante.

La radicale dépréciation de la pensée est inhérente à l’essence même des trois monothéismes.

Yahvé, le dieu juif, demande à son peuple une soumission inconditionnelle.

Jésus, pareillement, demande à ses disciples, non de penser, mais de le suivre, par ces paroles d’une prétention inouïe : Je suis la Voie, la Vérité et la Vie et il menace de la damnation éternelle de l’enfer ceux qui ne le suivraient pas.


Saint Paul, principal et décisif maître à penser du christianisme, dans ses Épitres, exalte passionnément la foi en dépréciant explicitement la pensée.

En islam, le nom même de la religion signifie soumission, pas question d’examiner ou d’interpréter les sourates du Coran suffit de les réciter.

En Europe, jusqu’au XIXe siècle, et au-delà, la pensée était surveillée, censurée, persécutée, mutilée, falsifiée, interdite par la religion.

Les idéaux de liberté et de tolérance dont nous jouissons aujourd’hui dans certaines régions du monde n’ont pu être réalisés qu’au bout d’un pénible combat, pendant des siècles, contre l’intolérance brutale et souvent meurtrière des instances religieuses.

L’histoire de la pensée européenne est l’histoire de sa persécution. Les grandes idées de la philosophie, les grandes conquêtes de la science, les grands chefs-d’œuvre de la littérature ont presque sans exception été réprimés sinon interdits par la religion.

Pour ce qui est de la discussion actuelle sur l’islam, force est de constater que, comparé à l’itinéraire de la culture chrétienne, il a plusieurs siècles de retard.

Après l’époque brillante et glorieuse des grands savants et penseurs arabes, il y a mille ans, l’islam n’a, hélas, jamais eu ses Érasme, Montaigne, Voltaire, Lessing, Nietzsche, Schweitzer, Bultmann.

Pour un musulman, examiner ou discuter le Coran, ce n’est pas envisageable.

Pour un musulman, quitter sa religion pour en adopter une autre, c’est s’exposer aux plus rudes représailles.

Pour un musulman, se déclarer athée, est passible de la peine de mort, ainsi le veulent le prophète et son Allah.

Le murmure du monde, vol, VII

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