samedi 24 janvier 2015

petites rédacs...

pendant l'incendie dans la montagne - photo L. Sch.



Ce que j’ai fait, c’est de l’hybris, échapper ainsi à l’hiver, c’est un acte contre nature, aller ainsi à l’autre bout de la terre, c’est une gesticulation métaphysique, jouer avec la vie & la mort, chambouler le cours des choses, subvertir le rythme de la vie, mais j’ai pensé que je pouvais le faire, j’ai pensé que vu mon âge passablement avancé et l’évidente défaveur de la salope de statistique à mon égard, je pouvais de cette manière excessive provoquer le destin, j’ai candidement confié mon âme chétive au bleu du ciel et à la lumière du soleil, j’ai donquichotesquement affronté le moulinage de la Mort, l’opacité de la Nuit, j’ai respiré avec une insolence inouïe, vécu chaque instant dans le déchirement entre refus et acceptation, vivre à fond sur fond de trépas, pleurer sans cesse l’amour perdu et sans cesse jubiler de l’amour vécu, m’abreuver goulument de l’infinie beauté du monde, et m’abîmer dans le vertige de l’absurdité universelle, et griffonner à longueur de journée mes solennelles petites rédacs prétentieuses et inutiles.
Le murmure du monde, vol. VII

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